
Chambre 2 à La Reine Blanche : une claque théâtrale, un niveau de jeu impressionnant, au service d’une histoire de femmes qui découvrent les facettes de la maternité. Mon premier coup de cœur de l’année 2021.
Sur la scène vide, une structure gynécologique, une femme allongée, en sous vêtements. Un son électronique, presque spatial. Elle écarte les coudes, se lève. Son visage est fermé. Tous les matins, on commence par la chambre 2, c’est comme ça.
Béatrice est auxiliaire de puériculture dans un service de maternité. Ce n’est pas son métier de base, avant elle était danseuse. Dans chaque chambre, elle aide une femme, chaque femme a son histoire. Celle qui attendait des jumelles dont une seule est née. Celle qui faisait un déni de grossesse. Celle qui va bien. Celle qui angoisse… Chacune a découvert l’accouchement, découvre la maternité, réalise que rien ne l’y a préparé. Chaque situation est particulière, Béatrice n’a pas le temps, aide, apporte un instant de réassurance, d’humanité. Entre chaque chambre, on croise le médecin, pressé, les collègues, moqueurs et désabusés. On découvre les vies de Béatrice, danseuse, généreuse, mère.
Chambre 2 m’a totalement séduit, je suis sorti de la salle en ayant pris une grande claque théâtrale, en totale empathie avec Béatrice. J’avais hésité à voir la pièce, son sujet peut faire peur, je remercie ceux qui m’ont poussé à aller la voir, à y voir mon premier coup de coeur de l’année.
Il y a bien sûr le texte de Julie Bonnie, il est puissant, efficace, les mots déboulent, traduisent le temps qui s’est enfui, le désarmement, celui de Béatrice, celui de ces femmes dont on ne connaît que le numéro de la chambre. Il transpire l’instant d’empathie qui s’installe entre elles.
Catherine Vrignaud Cohen et Anne Le Guernec l’ont adapté d’une façon bluffante, l’une le met en scène, l’autre l’incarne. Le résultat m’a impressionné. J’ai rarement vu une actrice engagée au niveau d’Anne Le Guernec. Elle maîtrise totalement sa voix, hypnotique. Son corps, son visage, son regard. Une argile élastique, qui modèle une émotion, une autre l’instant d’après. Elle occupe l’espace vide, elle installe chez le spectateur le sentiment précis de Béatrice, celui de ses femmes dans leurs chambres. Dans les chambres, on est dans un temps court, celui de la visite on croise une femme, un cas, c’est la course, on est au plus près de l’échange qui se fait d’un regard. Hors des chambres, on est dans un temps long, celui de la vie de Béatrice, Gabor, Pierre&Pierre, Norma, Roméo, Paolo, ils ont le temps de s’installer, on a le temps de s’attacher à eux, l’empathie est telle qu’on pourrait se laisser aller à la rejoindre sur scène, se battre avec elle.
Une pièce sur les facettes de la maternité ? Tellement pas que. Pourquoi ce titre, Chambre 2 ? Pour le savoir…
A La Reine Blanche jusqu’au 15/01/22
Mardi, jeudi, samedi – 21h00
Texte : Julie Bonnie adapté par Catherine Vrignaud Cohen et Anne Le Guernec
Avec : Anne Le Guernec
Mise en scène : Catherine Vrignaud Cohen
Visuel : Huma Rosentalski
Merci !!!
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C’est moi qui vous dit merci 😉
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